Après le génocide, le régime rwandais a imposé aux victimes (en majorité tutsies) et aux bourreaux un programme basé sur le dialogue et le pardon. Depuis vingt ans, Godeliève Mukasarasi va à la rencontre des femmes pour leur proposer une aide psychologique et mettre en place des groupes de parole.”Les voisins me disaient que j’étais un enfant de tueur”Cette travailleuse sociale a accompagné des centaines de victimes de violences sexuelles. Leur nombre est estimé à 300 000, et les enfants nés de viols seraient plusieurs milliers. Faire accepter ces enfants par leur mère fait partie de son travail.Vestine avait 20 ans quand elle a été violée par un milicien hutu. Il a aussi tué ses enfants, ses parents, et l’a blessée à la jambe. Des années plus tard, Vestine a toujours du mal à rester assise dans la même pièce que sa fille, qui a aujourd’hui 25 ans et qu’elle appelle “cette enfant qui est ici, à côté”.“On se haïssait, avec ma mère. Quand je rentrais à la maison, je lui lançais des pierres”Les sentiments et le vécu de sa fille sont tout aussi douloureux : “Quand j’ai commencé à vraiment comprendre ce qui s’était passé, les gens dans la rue, les voisins me disaient que j’étais un enfant de tueur, raconte-t-elle. On se haïssait, avec ma mère. Quand je rentrais à la maison, je lui lançais des pierres, et je lui disais : ‘Je sais que tu ne m’aimes pas. Et moi, je ne t’aime pas non plus’.” Aujourd’hui, grâce à Godeliève, les deux femmes ont pu se retrouver après des années de haine. C’est une Vestine souriante qui chante et danse aux côtés de sa fille. Elle dit même avoir pardonné à l’homme qui l’a violée.Extrait de “Le pays des femmes”, un reportage à voir dans “Envoyé spécial” le 18 avril 2019.Click Here: gold coast suns 2019 guernsey